Comment déléguer met en danger notre besoin de contrôle ?
Bonjour, bonjour ! J’espère que vous allez bien ?
Aujourd’hui, j’avais envie de revenir sur le post d’hier, concernant le fait de “déléguer“. Globalement, on est d’accord pour dire que ça découle d’un fort besoin de contrôle que l’on porte en soi…
Moi-même, pendant lonnnnnnnngtemps, j’ai pensé que si je ne faisais pas tout par moi-même, rien ne serait jamais fait, ou disons fait comme il fallait… Pendant lonnnnnnnngtemps, je ne m’autorisais pas à être fatiguée, moins en forme ou tout simplement malade parce que j’estimais que les miens ne sauraient pas faire sans moi…
Waw quand j’y repense… quelle réponse égocentrée, c’est dingue quand même !
Est-ce que je me suis si indispensable qu’après moi, le déluge ?
Est-ce que ma méthode est la seule qui soit la bonne ?
Est-ce que ça veut dire que les autres ne savent pas faire ?
Ne sont pas capables, selon mes propres critères ?
Au départ, ce n’est pas du tout ce que je pensais, j’étais persuadée de faire au mieux pour tout le monde, pour ne pas qu’ils aient à se soucier des choses que je pouvais faire pour eux.
Et puis très vite, j’ai perdu le contrôle, justement… J’ai perdu le contrôle du contrôle que j’exerçais sur tout, absolument tout ! Mais également sur chacun…
Je pensais que faire pour eux, était une manière de les soulager, de leur laisser du temps pour faire autre chose… que je me plaignais qu’ils fassent au lieu de m’aider… Comme jouer au lieu de ranger leur chambre ou sortir fumer sans prendre la corbeille à linges à étendre, posée à la vue de tous, par exemple…
Mais soyons honnête, si je passe mon temps à leur dire, leur montrer que leur manière de faire n’est pas la bonne… ça n’a rien de valorisant, alors plus personne ne fait d’effort et chacun me laisse le plaisir de râler parce que je suis seule à faire…
C’est simple, rien ne se passait à la maison, sans que ça passe par moi : le linge, les courses, les papiers, les devoirs, le ménage…
Toutes ces contraintes et corvées semblent le quotidien de beaucoup… et finalement ça ne m’aurait pas non plus dérangé si je n’avais pas moi-même tiré la sonnette d’alarme en me plaignant moi-même de la prison dorée que je m’étais fabriquée.
A l’époque, on parlait beaucoup de la charge mentale, vous savez ce truc qui fait qu’on doit penser à tout, tout le temps, pour tout le monde, tellement qu’on en arrive au burn out personnel…
On s’est figé, dans une image dans laquelle, si on veut être une bonne maman, une bonne conjointe, une bonne personne tout simplement : on ne doit pas se plaindre, ”on est jamais mieux servi que par soi-même”, il faut manger équilibré, se coucher de bonnes heures, que les enfants soient propres et sages, les chambres et la maison bien rangés…
Mais à un moment donné, il faut être honnête avec soi-même ! Qui nous impose de faire toutes ces choses encore et encore presque inlassablement chaque jour ? Est-ce notre partenaire ? Les normes imposées par notre éducation ou la société dans laquelle on vit ?
Oui… mais non… C’est trop facile de se dire ça… et à un moment donné, il faut bien assumer et prendre nos responsabilités !
C’est nous et nous seuls, qui estimons que si ce n’est pas fait par nous ou comme nous le souhaitons, ça n’est pas “bien”.
C’est nous et nous seuls, qui devenons notre propre bourreau et asservissant les autres à notre omniprésence plus que toxique.
Et oui, c’est dur à entendre, et pourtant… D’abord puisqu’on commence toujours par soi-même, ce type de comportement est hyper néfaste pour soi ! Se dire que notre seul “plaisir”, c’est que tout soit à l’image de ce que l’on s’est fait dans sa tête… c’est quand même pas hyper glorieux… même si, on est d’accord, c’est très satisfaisant pour notre égo, qui adore que chaque chose soit à la bonne place…
Ensuite, on envoie le signal à notre entourage, qu’ils ne sont pas capables de faire par eux-mêmes, puisque tout ce qu’ils font comme ils peuvent/veulent n’est pas assez bien pour nous, par rapport à nos propres références/exigences personnelles.
Et c’est comme ça que l’on ancre des croyances limitantes aux autres… en leur faisant perdre confiance en leur capacité, en leur possibilité… la construction de leur confiance et estime est complètement bancale…
Notre amour nous sert d’excuse pour les rendre dépendants de notre présence et nous permet de nous prouver qu’on est indispensable, pour quelqu’un…
C’est le moyen qu’on a trouvé pour l’être pour quelqu’un, sans se rendre compte qu’on l’était déjà pour soi-même…
Finalement, on s’est tellement déconnecté de notre propre satisfaction, qu’on vit par procuration. Pour nous, se sacrifier, c’est la plus belle preuve d’amour qu’on peut leur faire…
On est arrivé à un tel stade que si on nous offrait du temps pour nous, on ne sait même pas ce qu’on en ferait… très vite, on s’ennuierait… et on finirait par se demander, quel est le sens/ le but de notre vie ?
Triste bilan… Mais tout commence par un constat, quel qu’il soit… Et c’est à ce moment-là que les changements peuvent s’amorcer.
Et si on arrêtait maintenant d’infantiliser les autres ? Qu’on leur rendait leurs propres responsabilités ? Leurs capacités ?
Et si on arrêtait de faire pour eux, est-ce que le monde s’arrêterait de tourner ?
Est-ce que ça veut dire qu’ils nous aimeront moins, si on en fait moins, pour eux ?
Est-ce que l’amour que l’on reçoit est proportionnel, à la charge que l’on assume pour les autres ?
En disant ça, j’entends de nombreux parents dire que “les enfants sont ingrats avec tous les sacrifices que l’on a fait pour eux”, comme s’ils nous devaient quelque chose en retour de quelque chose qu’on a fait pour eux, sans qu’ils n’aient rien demandé… C’est un comble quand même !
Vous imaginez le poids, l’impact que notre attitude peut avoir sur les autres… C’est de cela qu’on parle, quand on dit que nous sommes tous interconnectés : notre façon d’être a une influence sur les autres…
On dit qu’”il est plus facile d’élever des enfants forts que de réparer des adultes brisés“, ça ne veut pas dire que ce n’est pas possible, ni que c’est trop tard pour nous… Ce n’est pas une fatalité : qui veut, peut !
Notre envie de faciliter la vie vient bien de quelque part…
C’est par l’observation des modèles de références que nous apprenons…
Et qu’a-t-on à apprendre de ce type de sacrifice ?
Que notre vie n’a d’intérêt que lorsque l’on sert le bonheur des autres ?
Que son propre bonheur ne compte pas ?
Que nos sentiments, émotions n’ont pas d’importance, tant que les besoins des autres sont comblés ?
L’abnégation de soi continuera à se perpétuer de génération en génération… jusqu’à ce que quelqu’un décide de briser ce schéma transgénérationnel.
Et si on commençait maintenant ? Pour soi et pour les autres, abaissons nos exigences…
Tendrement, Magali.